Certes, il y urgence d’agir. Mais faut-il pour autant opposer réflexion et action? La réflexion, bien sûr, peut contribuer à élaborer des stratégies appropriée pour l’action. Mais il y a plus. La réflexion et l’action ne sont pas que des étapes successives. Parfois, elles se confondent et ne font qu'une.
Les changements sociaux et politiques, même les plus radicaux, ne s’opèrent pas toujours par les armes ou les urnes. Le débat public lui-même contribue au changement. On n’a qu’à penser aux arrivées dans le langage courant des concepts de « biosphère », puis « d’écosphère », qui ont profondément modifié notre rapport à la Terre. Plus récemment, celui de « développement durable », structure dorénavant, comme s'en désole un internaute, la pensée écologique des décideurs publics.C’est parce que nous reconnaissons cette implication pratique de la réflexion, que les signataires du manifeste ont choisi de demeurer libre de toute association avec des partis politiques ou des groupes d’intérêts, aussi environnementalistes et vertueux soient-ils.
Pour contribuer au changement par la réflexion, il nous semble primordial d’éviter toute forme de dogmatisme et autres prêts-à-penser (« c’est la faute aux riches! », « c’est la faute aux États-Unis » ou « c’est la faute à la croissance!»), ce qui ne veut pas dire, bien entendu, qu’il ne faut pas examiner ces positions avec sérieux.
Plusieurs commentateurs ont souligné, dans les médias et sur ce blog, que notre manifeste est résolument pragmatique. Il s’agit sans doute du commentaire le plus élogieux. Le terme « pragmatique » vient du grec « pragma », qui signifie « action ».